La saison des festivals bat son plein dans un contexte politique tendu, voire flou. Telle une évasion, les Tunisiens en profitent pour esquiver les aléas d’une politique glissante. De Carthage à Hammamet, en passant par le festival international des musiques symphoniques d’El Jem ou le festival international de Bizerte, spectacles et critiques vont de pair.
C’est dans la soirée du 12 juillet que l’OST (Orchestre Symphonique Tunisien) a ouvert les festivités en s’emparant de la scène d’El Jem dans un cadre idyllique, célébrant le commencement de la 35e édition. Ce festival fut le premier de la saison à démarrer en grande pompe. La fondation «Arts & Culture by UIB», principal mécène de cette édition maintenue en collaboration avec le ministère des Affaires culturelles, et le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, a élaboré un programme rassemblant musique classique italienne, autrichienne, et des talents incontournables de la scène tunisienne. A l’heure où nous rédigions cet article, seules deux soirées dont une, hommage à Morricone et au cinéma italien, maintenue par Andrea Griminelli et son Octa Jazz Quartet, ont eu lieu. Une soirée à la hauteur de la carrière florissante de ce flûtiste virtuose, l’un des plus incontournables au monde. Andréa Griminelli qui a aussi été aux commandes de la soirée du 17 juillet 2022 au festival international de Hammamet qui a démarré sa 56e édition le 13 juillet 2022. Le festival d’El Jem est maintenu sous le signe du «retour à El Jem» et a fait la part belle davantage aux virtuoses tunisiens. Son public spécial est toujours au rendez-vous.
Le Festival international d’Hammamet, l’un des plus attendus de la saison, est fidèle à sa tradition : il a démarré sa 56e édition avec de l’inédit théâtral, en confiant à Taoufik Jebali et à El Teatro la scène du théâtre plein-air de la ville. «Ala Hawek» ou «Ad Libitum», hommage scénique à feu Zeyneb Farhat, a été présenté en première lors de son ouverture. Hommage que le metteur en scène et dramaturge a tenu à accomplir. Suivi par une expérience sonore et visuelle inédite menée à bout par Zouhair Gouja et sa pléiade d’artistes chorégraphes et musiciens. «Mazij» ou «Original Fusion» est une production du FIH, qui a vu le jour au bout de 9 mois de travail. Le projet puise dans le patrimoine musical en le modernisant avec des sonorités nouvelles et électro. Tels des intermèdes, des danseurs ponctuent quelques passages musicaux. «Mazij» est un voyage dans les confins des sonorités recherchées. Du nouveau, au registre connu, il n’y a qu’un pas : Sabry Mosbah a conquis son public dans la soirée du 16 juillet 2022 en présentant quelques morceaux inédits et en optant pour des featuring. Entre théâtre et différentes expériences musicales alliant le patrimoine, à l’alternatif en passant par le rap avec A.L.A, le festival parvient à répondre à un public aux attentes diversifiées.
A Carthage, «Ocheg Denya» a fait théâtre comble 2 fois. Plus de 80 artistes ont rendu hommage à une Tunisie des années 90 et à sa «Nouba». Un vent de nostalgie d’une durée de 3h30, mené à bout par Abdelhamid Bouchnak, à deux reprises. Un groupe prônant un genre musical nouveau et pour le moins exotique a fait le bonheur d’un public jeune : les B.I.G, quatuor sud-coréen, adulé par un public majoritairement jeune a fait sensation sur la scène de Carthage. La Comédie musicale «Alice», et la soirée du groupe «Adonis» et Hayder Hamdi se sont déroulées successivement. Après un démarrage populaire important, de nouvelles dates programmées sont attendues.